Il n'est pas rare d'entendre les hommes parler de leurs besoins en amour. Ils en auraient plus que les femmes, paraît-il. Je serais bien incapable de généraliser. En la matière je ne suis pas une experte, je n'ai connu que Côme, mon cher époux.
Demander à ma cousine son avis sur la question l'inciterait à m'exposer ses turpitudes dans le détail et il me semble que je bénéficie assez souvent de ses confidences pour ne pas risquer une indigestion.
Cependant, il m'arrive de me sentir un peu... seule... oui, et frustrée lorsque je rentre dans la chambre et que je vois Côme endormi ou compulsant frénétiquement un livre sur la Bourse, la finance ou la gestion d'entreprise. Je n'en suis pas fière, mais, il m'est arrivé souvent, dans ce cas-là, de me déshabiller devant lui et de revêtir un ensemble Chantal Thomas pas vraiment pratique pour dormir. Or, le temps que j'ajuste mes porte-jarretelles, mon mari, s'était assoupi, bouche ouverte.
Je résiste généralement à mon premier élan qui est de sortir en claquant la porte. Je ne voudrais pas me retrouver face à la nurse à moitié nue. De plus, Côme, certainement, ne se rendrait même pas compte de ma colère.
J'ai tenté, une fois, de changer malencontreusement de chaîne, le premier samedi du mois, au moment où, sur Canal Plus, des hommes et des femmes s'adonnent aux jeux sexuels les plus débridés. Feignant d'être paralysée, le doigt sur le bouton de la télécommande, j'ai attendu la réaction de Côme, espérant que la vision de ces agapes tumultueuses aient éveillé en lui quelque désir. Mais il s'est écrié "Oh ! Avanie, très chère, remettez donc cette émission sur la Chasse en Amérique du Nord, elle m'intéressait vivement !"
Si je me blottis contre lui, mine de rien, dans la nuit, il se retourne en maugréant, et parmi les mots incompréhensibles qui franchissent ses lèvres sèches, les seuls que je comprends sont "je travaille demain, moi..."
Pourtant, par ailleurs, Côme est un compagnon très épris et attentionné. Le dimanche, lorsqu'il est bien reposé, il s'avère d'une compagnie des plus agréables. Il n'a jamais négligé une fête, un anniversaire, il rentre souvent de ses voyages d'affaires avec des présents d'un goût délicat. Nos ébats, à la fin de la journée sont très satisfaisants. On ne dirait pas, à le voir, mais une fois ôté son costume, sa cravate et... ses dessous, Côme est très bel homme, d'une virilité à faire pâlir d'envie plus d'un Calixte.
Quel dommage qu'il soit si souvent fatigué !
Je vous épargnerai la liste des affronts que j'ai subi à essayer d'avoir avec lui, un peu plus de rapports sexuels. Voici ce qui a fonctionné, hier soir.
Mon époux lissait Probability Models for Economic Decisions de Roger Myerson lorsque je me suis plantée devant lui.
D'une voix glaciale je lui ai ordonné:
"Monsieur, posez ce livre immédiatement !"
Il m'a regardée, interloqué, a retiré ses lunettes pour se frotter les yeux mais il n'a pas osé poser de question. Je portais un bustier et un string de dentelle noire.
J'ai lancé :
"Soit vous me pénétrez dans les cinq minutes, soit vous mangerez votre livre, feuille à feuille."
Côme a paru hésiter.
Finalement, il a pris la décision la plus respectueuse pour son ouvrage...
3 commentaires:
Alors fait Come serait masochiste. on en apprend tous les jours...
En même temps ce qui est rare est cher et plus c'est rare plus on apprécie...quoique dans ce cas là...
Framboise, je te prie de rester polie en parlant de ton cousin. Sans lui, tu serais dans le ruisseau.
Wawaa, je peux imaginer ce que vous évoquez mais dans ma vie, ce qui est cher, n'est pas rare, bien au contraire ! Et je n'entends pas que l'amour avec mon époux devienne l'un ou l'autre...
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