lundi 8 décembre 2008

Avanie pense que ce n'est pas tromper

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Nous avons enfin pu avoir les de Grignan à déjeuner aujourd'hui. Depuis que je les avais rencontrés chez les parents de ma cousine Framboise, il m'arrivait de penser avec nostalgie à cette famille de haute lignée, à l'élégance de Mme de Grignan - à laquelle je me réfère souvent lorsque je m'habille - à la fortune du père et à l'arrogante morgue du bel Hermance. Je me souvenais de ce dernier, lycéen, évoquant Miller et Bukowski, juste pour me faire rougir. Il taquinait Framboise qu'il aimait ridiculiser mais nos rapports ont toujours été basés sur un plan plus intellectuel. J'étais donc très impatiente de le revoir aujourd'hui car je n'ai guère l'occasion d'avoir des discussions littéraires avec les membres de mon entourage.

Framboise était là, ainsi que ses parents mais la pauvre ne tenait pas debout. Je crois qu'elle souffrait d'une gastroentérite mais que la bienséance l'avait empêchée d'annuler le repas. Après tout, le premier rendez-vous avec la famille élargie, d'un couple de fiancés est très important. Je comprends qu'elle n'ait pas voulu reporter la joie de montrer son bonheur à ses cousins les plus proches.

A sa place, pourtant, j'aurais hésité. Hideuse, le maquillage dégoulinant, les chevilles tordues sur des chaussures trop hautes, elle éclatait de rire dès qu'Hermance ouvrait la bouche et fonçait aux toilettes dès qu'il lui prenait la main. Ma chère cousine n'était vraiment pas à son avantage et je voyais bien aux regards qu'il me lançait qu'Hermance était rongé par le doute. Soucieuse du bien-être de Framboise, je faisais pourtant de mon mieux pour mettre son promis à l'aise, tapotant son genou sous la table, chuchotant des phrases d'Anaïs Nin à son oreille (j'avais passé la nuit à réviser).

Il commençait à se dérider et je profitais avec délice de sa conversation d'érudit, quand Framboise s'étala sur la table et lui renversa une bouteille de vin dessus. S'ensuivit une panique générale. Le père d'Hermance rattrapa Framboise qui roula avec lui sur le sol. La mère d'Hermance s'évanouit dans les bras de Côme qui me criait :
"Appelle la bonne, appelle la bonne, il faut prêter un nouveau costume à Hermance !"

Le problème est que j'avais justement donné congé à la bonne. Il m'a fallu accompagner notre invité dans le dressing pour l'aider moi-même. Il semblait très choqué par l'incident et se contenta d'écarter les bras :
"Avanie, ma chère, il va falloir que vous m'aidiez à me déshabiller. Je ne le puis."
J'ai à peine hésité. Dans les moments graves il faut savoir prendre sur soi et laisser sa pudeur de côté. J'ai tourné le verrou de la porte pour éviter que celle d'Hermance ne se froisse si on le surprenait entrain de se changer. Je l'ai déshabillé. Ses chaussures à lacets étaient difficiles à ôter. Son slip aussi était tâché de vin et il m'a fallu l'en débarrasser. A un moment, il vacilla et s'appuya sur ma tête, des deux mains.

Je ne savais pas que cela pouvait être aussi délicieux...