vendredi 30 mai 2008

Avanie contre le New Jersey Devil 2

4 avis

J’ai enfin osé demandé ce qui se passait. Courant derrière Harlan, j’ai exprimé ma soif d’aider cette famille à résoudre le problème qui se posait. Son épouse dans les bras, l’écrivain s’est retourné si vivement que j’ai sursauté :


« Il ne s’agit pas d’un problème mais d’un enlèvement. Notre fils Tod a disparu ! La nurse l’a laissé 5 minutes pour aller aux toilettes. Il dormait dans son lit à barreaux, avec son doudou Nono … Quand elle est revenu il avait disparu. Vous avez vu dans quel état nous avons trouvé Nono ? Nous avons des raisons de craindre le pire pour notre fils. Maintenant laissez-moi, je vais appeler un agent du FBI avec qui j’ai travaillé récemment sur un de mes livres.
- Vous voulez parler de The innocent ? ai-je tenté, émue de mon audace. »

Mais il est entré dans une chambre et en a refermé la porte. Je me suis assise piteusement sur un fauteuil dans le couloir. Pendant quelques minutes j’ai laissé ma pensée vagabonder, imaginant en un éclair ce qui se passerait si nous ne retrouvions pas l’enfant. En tant qu’étrangère, soudainement arrivée dans la maison, n’allait-on pas me soupçonner ? Je me voyais déjà dans une salle d’interrogatoire avec un gentil et un méchant policier. Le gentil me complimenterait sur mon élégance : « La tenue orange de condamné à mort vous sied à ravir ! » tandis que son collègue me ferait remarquer que sans maquillage je parais plus que mon âge. J’ai réprimé un sanglot et me suis levée d’un bond. La seule solution c’était de retrouver Ted… Tad… Tod. Enfin le bébé !

J’ai décidé d’aller demander de l’aide au garçon dans la bibliothèque. Vus ses goûts littéraires, il devait s’y connaître un peu en enlèvement.

Mais au moment où je descendais les marches un autre cri s’est fait entendre dans la chambre où Harlan venait de s’enfermer. Cette fois, il s’agissait d’une voix masculine. Je me suis ruée contre la porte.
Comme elle résistait, j’ai saisi un vase chinois sur une console et je l’ai propulsé sur la poignée : elle a cédé. J’ai avancé précautionneusement sur la porcelaine et je suis entrée dans la chambre. Madame Coben semblait dormir sur un lit rond très kitsch ; Harlan me dévisageait, interloqué. Alors que je m’apprêtais à lui faire mes excuses pour le vase et la porte il m’expliqua : « Je viens de recevoir un mail. Avec une photo de mon fils Tod. »
Abattu, il me laissa la place devant l’ordinateur et je regardai le mail ouvert. Un enfant, qui ressemblait beaucoup à celui que j’avais vu au rez-de-chaussée, faisait de la balançoire et il riait :
« Au moins, ai-je tenté, il a l’air heureux là où… »

Harlan se mit à pleurer doucement. Gênée, je lui tapotais dans le dos. Au bout de quelques secondes, il m’empoigna par les épaules et nicha sa tête contre ma poitrine. Je lui caressais la tête, tout en tentant de garder une distance décente. Mon chemisier se couvrait de larmes, de morve et de salive.
« Euh, écoutez Harlan, prenons les choses en main. Vous ne deviez pas appeler quelqu’un du FBI ?
- Il refuse de me prendre en ligne. On me dit qu’il est entrain de réaliser un interrogatoire.
Il sanglota de plus belle.
- C’est que ça doit être vrai… Avez-vous fait un tour dans les environs ?
- Oui ! Mon chauffeur continue.
- Ecoutez lâchez-moi, je retourne voir en bas, ai-je demandé poliment mais fermement.

Il a obtempéré, l’air un peu déçu. Je me suis aperçue dans une psyché qui trônait au pied du lit et j’avais l’air d’être passée dans une essoreuse. Mais, pour une fois, ce n’était pas mon souci principal. Je suis descendue au salon. Du fauteuil s’est élevée une voix espiègle.

« Alors, vous l’avez trouvé ?
- Et bien non ! Je venais te voir pour savoir si tu n’avais pas une idée . Ton père n’est plus en état de diriger l’enquête. Il a reçu un mail fort menaçant avec une photo de ton frère sur une balançoire.
L’enfant leva un sourcil, l’air soudain intéressé.
- Ah bon ? Qu’est-ce qu’il disait le mail ?
Je me rendis compte que je n’avais pas remarqué de texte d’accompagnement.
- Euh !
- Il ne faut négliger aucun détail, Avanie ! m’a-t-il tancée. Je parie que vous n’avez même pas regardé le nom de l’expéditeur.
- Non… Mais…
- Pffff a soupiré le freluquet.
- Je te prie de rester poli, jeune homme, ai-je tenté.
- Nous avons des choses plus importantes sur la planche a-t-il rétorqué du tac au tac. Alors qu’avez-vous comme preuves ?
- Et bien ton frère faisait la sieste quand la nurse s’est absentée… A son retour il n’était plus dans son lit….
Je réfléchissais en même temps que je parlais :
- Et son doudou était pendu dans sa chambre.
- Ah ! dit-il, c’est pour ça que ma mère a hurlé ? Bon je vais aller les aider.

Il s’est extirpé du fauteuil de mauvaise grâce, posant son livre ouvert, à cheval sur l’accoudoir.
- Merci, ai-je murmuré. Au fait tu t’appelles comment ?
- Tod…
- Quoi ? Tod ? mais c’est toi que l’on cherche partout !

Folle de joie je me suis mise à hurler :
- Il est là, il est là, je l’ai retrouvé !

Aussitôt la troupe au grand complet a pénétré dans la pièce où nous étions. Harlan et sa femme pleurait en serrant l’enfant boudeur dans leurs bras. Aglaé se mouchait dans son tablier et le chauffeur se raclait la gorge.

J’ai regardé ma montre et vu que l’heure de mon vol approchait :
« Harlan, ai-je glissé, je suis tellement heureuse de ce dénouement… Maintenant pourrions-nous comme convenu…
- Je suis désolé, Mademoiselle, me répondit, l’auteur, mais cette aventure m’a inspiré. Il faut que j’aille écrire tout de suite ! Revenez demain…

Tod se pencha vers moi :
- Je vous le déconseille, c’est quasiment tous les jours comme ça ! »

FIN

jeudi 29 mai 2008

Avanie contre le New Jersey Devil. Part.1

3 avis

En début de semaine, juste après avoir dévoré le dernier poche de Harlan Coben, Innocent, j’ai décidé d’aller rencontrer l’auteur dans le New Jersey.
Côme avait une réunion à New York, j’ai proposé de l’accompagner. Pendant sa journée de travail, j’ai pris un vol pour le New Jersey. Aloysius est resté avec une jeune fille française qui avait été recrutée directement par le Carlyle.

J’avais peu dormi pendant notre vol de la veille. Et Aloysius avait refusé de s’allonger avant l’aube dans notre suite. Aussi, dans la voiture envoyée par le maître du suspense, je me suis endormie dès le démarrage ou quasiment. Deux heures plus tard, j’ai ouvert un œil, échevelée, bouche ouverte. Mon col était empreint de bave. Heureusement j’étais seule. Le chauffeur, par délicatesse, s’était éclipsé. Je me suis recoiffée devant le rétroviseur et je suis sortie, les jambes flageolantes.

La demeure était impressionnante, quelque peu lugubre à mon avis et le parc curieusement sauvage. Un frisson m’a parcourue tandis que j’ai entrepris de pousser la porte d’entrée après quelques vains coups de sonnette. Mais l’agitation qui régnait dans le hall d’entrée me rassura. Enfin pour peu de temps.

Plusieurs personnes s’agitaient courant sur le sol marbré : des domestiques, une nurse en larmes, Mme Coben, très blonde, sanglée dans un tailleur marron de dame campagnarde, des enfants, plusieurs chiens. Au centre de l’action, un géant chauve de deux mètres tapa dans ses mains ; c’était Harlan, mais j’ai senti que ce n’était pas le moment de me présenter :

« Restons calmes, ordonna-t-il. Nous allons nous répartir les recherches. Aglaé, vous irez au premier étage, les enfants et toi Linda, vous vous occuperez du deuxième étage et de la salle de jeux. Doug et moi irons au jardin avec les chiens. Je vais appeler les voisins et mon ami Ted, le sherif, au cas où. »
Soudain il m’aperçut :
« Et vous, Mademoiselle, vous parcourrez le rez-de-chaussée !
Il s’adressa à l’assemblée :
- Tout est OK ? Alors go ! »

Je ne savais pas vraiment quoi chercher. Je me suis avancée dans le salon orné d’une immense et massive bibliothèque. Tous ces livres, ai-je songé, ce n’est pas très hygiénique ! Je me forçais à enregistrer le moindre détail au cas où il s’agisse de ce qu’il fallait retrouver. Puis je me suis rappelée qu’il avait parlé d’alerter les voisins, le shérif.
De quoi pouvait-il donc s’agir ?
« Qui t’es toi ? me demanda tout à coup un enfant dissimulé par un immense fauteuil.
- Euh mon nom est Avanie, articulai-je, la bouche sèche. Et toi ? Tu ne cherches pas avec les autres ?
- Oh non ! je préfère lire.
Il avait 3 ans à peine !
- Ah bon ? et que lis-tu en ce moment ?
- Je viens de finir The mystery of the green ghost, c’était pas mal. Moins bien, toutefois, que le dernier livre de mon père. Vous l’avez lu ?
- The innocent ? Oui bien sûr c’est pour ça que je suis là… Mais je n’ai pas pu parler à ton père…. »

A ce moment, un long cri résonna dans les escaliers. Je m’élançai dans le hall et grimpai au premier étage quatre à quatre. Au centre d’une chambre d’enfant, un doudou se balançait doucement, pendu au bout d’une cordelette :

« c’est Nono hurlait Mme Coben, c’est son Nono ! Mon dieu je suis sûre qu’on nous l’a enlevé ! »

Elle s’évanouit alors que son mari franchissait la porte. Il la rattrapa dans ses bras de rugbyman et la souleva comme une plume.

A suivre…

mardi 27 mai 2008

Comment faire porter le chapeau à ses domestiques ?

4 avis

Lorsque je suis rentrée saoule de chez Anna Gavalda, Côme n’en fut pas très heureux. Il aurait, certes, pu l’ignorer si je ne m’étais pas jetée sur lui, alors qu’il dormait, forçant sa bouche de ma langue avinée. Je n’y peux rien, l’alcool libère mes hormones les plus agressives sexuellement.

Côme a d’abord protesté, puis, alors qu’il répondait à mon étreinte de la manière virile qui est la sienne, j’ai éructé. D’un bond, je me suis dégagée et j'ai crapahuté, titubant quelque peu, jusqu’aux toilettes, les deux mains appliquées sur ma bouche.

Côme, inquiet a surgi derrière moi, au moment où je me mettais à vomir.

Entre deux salves nauséabondes, j’ai réussi à tout lui expliquer :
«Côme, très cher, que cela reste entre nous mais Maria-Magdalena buvait tellement ce soir que j’ai dû boire de concert. Qu’aurait pensé Madame Gavalda si elle avait constaté, qu’en ma sobre présence, une domestique osait se griser ? »

Côme admit à contrecœur cette raison farfelue.
Mais il admit.


Lorsqu’en compagnie de son directeur qui venait dîner, Côme a découvert Aloysius les fesses à l’air dans le hall d’entrée, s’amusant à marcher dans son pipi, j’ai réagi en accordant mes cris aux siens. Mon très cher mari ignorait que ce jour là la nurse avait demandé sa journée. Framboise qui émergea du dressing où nous faisions les essayages de nos emplettes du jour a failli protester en m’entendant accuser Juliette de ma négligence. Mais elle a compris et elle m’a aidée.
« Cette Juliette est une vraie ogresse, a-t-elle dit. Vous devriez la virer ! »
Côme admit donc, et il donna son congé, à mon grand regret, à notre nurse. Mais que pouvais-je faire ?


Lorsqu’en voiture, un cahot a eu raison de la détermination avec laquelle je serrais mes sphincters, laissant échapper un fumet frelaté, je me suis empressée de chuchoter à l’oreille de mon époux que notre chauffeur, Karl, n’en était pas à ses premiers gaz en ma présence :
« Je pense qu’il doit avoir quelques problèmes digestifs, ai-je expliqué. Mais ne t’inquiète pas, je lui ai pris rendez-vous avec ton gastro-entérologue ! »
Confronté à certains manquements à la décence dont il avait souffert au début de notre relation, Côme admit. Il se rencogna dans son siège, fusillant du regard la nuque épaisse de notre serviteur.


En conclusion, si vous voulez faire porter le chapeau à vos domestiques, ne vous gênez pas mais si vous voulez éviter de les licencier tous sans arrêt, manœuvrez avec dextérité :
- En vous incluant dans les conséquences du crime dont vous avez été coupable, avec votre bonne
- En incluant votre époux dans le crime dont serait coupable le domestique.


Sinon, surtout, ne manifestez aucune culpabilité apparente, virez sans état d’âme. Après tout, une sur trois c’est peu.
Non ?

Chapeau : John Galliano

lundi 26 mai 2008

Comment se débarrasser dans l'heure de son cadeau de fête des mères...

8 avis

L’année passée je n’avais pas eu ce problème : Aloysius était trop petit. Mais hier, après le repas concocté par Maria-Magdalena, Aloysius a déposé sur mes genoux un paquet cadeau assemblé de ces petites mains et j’ai manqué sangloter.
D’horreur.

« Cadeau, Cadeau Maman, marmonnait mon fils, les doigts dans sa bouche
- Oh mais que c’est gentil mon trésor, hoquetais-je, de quoi peut-il bien s’agir ? »
En réalité, j’avais déjà senti rouler sous mes doigts ce qui semblait être un collier de coquillettes.
Oui les pâtes !

« Oh des pâtes ! m’exclamai-je, d’une voix quelque peu contrainte.
- Nooooooooon, se mit à hurler Aloysius
- Mais chérie, enfin tu vois bien que c’est un collier, roucoula Côme, perfide ! Attends, je vais t’aider à le passer !
- Oh oui, mais bien sûr que c’est un collier, où avais-je la tête oh qu’il est joli ! Et tu en as même peint quelques unes ? C’est véritablement mignon mon ange ! Maman est très contente ! »

Aloysius paraissait enchanté de ma réaction et j’enfilai donc le bijou alimentaire en cherchant quels prétextes j’allais invoquer dans quelques minutes pour m’en débarrasser. J’attendis qu’Aloysius me quitte des yeux pour me gratter. Je n’aurais pas supporté de lire la déception dans son regard.

« C’est étrange, murmurai-je à Côme, je crois bien que je fais une allergie à ce collier ! Ce doit être la peinture. »
Côme qui avait deviné où je voulais en venir, détourna la tête, outré.

Je fis donc signe à Maria-Magdalena :
« Maria, je ne me sens pas bien, peux-tu aller me chercher un peu de doliprane ?
- Mais que se passe-t-il Madame ?
- Chut, cela risque d’attrister Aloysius, mais je crains de ne pas supporter son collier, je fais une réaction. »
Ma bonne me regarda droit dans les yeux, soupira et tourna les talons.
« Voilà où ça vous mène d’être trop proche de vos domestiques, songeai-je furieuse, ils refusent de vous secourir dans le besoin. »

Je m’étais résolue à passer le restant de mes jours avec ce bijou… disons-le… affreux… autour du cou, lorsque la sonnette retentit. J’étais allongée sur le canapé, une compresse (que j’étais allée me chercher toute seule) sur le front lorsque mes cousins, Calixte et Framboise firent leur entrée. Au bras de Framboise titubait un homme très beau, sans doute un mannequin. Aux bras de Calixte, deux jeunes filles, a priori impubères pouffaient en admirant les ors du plafond.

« Comme c’est gentil d’être passés, maugréa Côme.
- Oui ! Quel dommage que je ne me sente pas en très grande forme, ajoutai-je. Je me redressai maladroitement et me jetai sur Framboise pour l’embrasser. Une idée venait de germer dans mon esprit en apercevant le Collier Peter Som qu’arborait ma cousine. En l’embrassant j’accrochais en douce une coquillette à une grosse perle rouge et je reculais d’un pas faisant mine d’admirer le visage aviné de Framboise.

Malheureusement ce sont les perles rouges qui s’éparpillèrent aux quatre coins de la pièce. Mon collier pendait toujours sur le col de mon tailleur.

« Mon dieu ! s’écria Framboise. »
Et elle se mit à sangloter. J’étais sur le point de la rejoindre pour pleurer avec elle – de rage– lorsque je décidai de tenter une dernière chose ; je me penchai sur mon fils qui regardait, perplexe, Framboise et je lui soufflai à l’oreille :
« Tu sais ce qui la consolerait mon ange ? C’est un collier comme celui que tu m’as fait ! »
Il me regarda plein d’espoir…
« Si tu veux, tu peux lui donner le mien... tu m’en referas un demain ? »
Il cria de joie.

Et Framboise, stupéfaite s’arrêta de pleurer pour enfiler le collier de coquillettes (qui lui allait bien mieux qu'à moi) avant de me dévisager d’un air soupçonneux. Je lui adressai mon plus grand sourire avant de déclarer à la cantonade :
« Installez-vous, je vais en cuisine vous préparer une petite collation ! »

Avant cela, je pris soin de vider les placards de la cuisine de tous les paquets de coquillettes...

mercredi 21 mai 2008

Avanie broie du blanc

3 avis

Ce n'est pas facile de bloguer. Ma cousine m'explique : "il faut surfer sur la vague, être dans le move, finger in the nose...".
Que veut-elle dire par là ?

Aujourd'hui j'ai voulu tester pour vous le point de croix mais Framboise s'est mise à hurler sa désapprobation par mail... C'était horrible, toutes ces insanités en lettres majuscules, j'ai failli ne pas m'en remettre et renoncer une bonne fois à travailler avec elle !

Je n'ai pas compris son attitude, n'est-il pas tout à fait stimulant de s'adonner à des activités manuelles telles que la couture ? Franchement parfois je me demande si elle n'use pas de stimulants qui ont une action dégénérative sur son intellect...

Enfin, puisque ce blog est paraît-il un blog collaboratif, je dois me plier à l'avis général et lorsque Calixte m'a envoyé une piste pour le billet d'aujourd'hui, je l'ai remercié à genoux.

En esprit, s'entend !

"Cousine, a-t-il affirmé, le Wofty te plaira, il est adorable ! Essaie : http://www.freedentwhite.com/index.php/"

J'ai cliqué.

Et j'ai découvert le plus adorable des animaux : un petit minou polaire, avec de grands yeux mouillés des plus délicieux.
Seul au milieu des glaciers de Patagonie, il reniflait amicalement. De temps en temps, joueur, curieux, il se dressait sur ses pattes, humant quelques flocons de neiges.

"Il plaira énormément à mon petit Aloysius, ai-je pensé".
Je me suis donc empressée de remplir le formulaire d'inscription, l'ai baptisé "tout blanc" comme le doudou préféré de mon fils et ai attendu de recevoir la confirmation...
Cinq minutes ont passé, dix minutes, mon point de croix avançait, certes, mais puisque je n'ai pas le droit de vous en parler, je m'abstiendrai...
"Bon, me suis-je dit, on ne reçoit peut-être pas de mail !"
J'ai donc entré mon mot de passe et mon mail dans les cases prévues à cet effet.

Rien !

J'avais réglé le volume assez fort pour ne pas perdre le moindre miaulement que mon Wofty pourrait émettre mais au centième reniflement j'ai commencé à stresser. Mon aiguille s'est plantée dans mon pouce et j'ai dû m'y reprendre à deux fois pour réaliser la pupille du petit lapin de gauche.
Au deux-centième reniflement j'ai coupé le son, j'ai horreur des personnes qui reniflent !

J'ai créé un autre Wofty que j'ai appelé "casse-pieds". Je sais, ce n'est pas très gentil, mais que voulez-vous, j'étais assez énervée.

Là-dessus Aloysius m'a été amené par la nurse au réveil de sa sieste... Apercevant le Wofty debout, il a réclamé "le dessin animé, le dessin animé !".

J'ai créé trois ou quatre Wofty de plus. Finalement, j'ai éteint l'ordinateur et j'ai envoyé Aloysius au jardin avec sa nurse. Après une tisane régénérante, j'ai repris mon ouvrage et je dois dire que j'en suis assez fière.

Mais chut !

Photo : maillot de bain Vanessa Bruno

dimanche 18 mai 2008

Avanie allume son mari récalcitrant

3 avis

Il n'est pas rare d'entendre les hommes parler de leurs besoins en amour. Ils en auraient plus que les femmes, paraît-il. Je serais bien incapable de généraliser. En la matière je ne suis pas une experte, je n'ai connu que Côme, mon cher époux.
Demander à ma cousine son avis sur la question l'inciterait à m'exposer ses turpitudes dans le détail et il me semble que je bénéficie assez souvent de ses confidences pour ne pas risquer une indigestion.

Cependant, il m'arrive de me sentir un peu... seule... oui, et frustrée lorsque je rentre dans la chambre et que je vois Côme endormi ou compulsant frénétiquement un livre sur la Bourse, la finance ou la gestion d'entreprise. Je n'en suis pas fière, mais, il m'est arrivé souvent, dans ce cas-là, de me déshabiller devant lui et de revêtir un ensemble Chantal Thomas pas vraiment pratique pour dormir. Or, le temps que j'ajuste mes porte-jarretelles, mon mari, s'était assoupi, bouche ouverte.

Je résiste généralement à mon premier élan qui est de sortir en claquant la porte. Je ne voudrais pas me retrouver face à la nurse à moitié nue. De plus, Côme, certainement, ne se rendrait même pas compte de ma colère.

J'ai tenté, une fois, de changer malencontreusement de chaîne, le premier samedi du mois, au moment où, sur Canal Plus, des hommes et des femmes s'adonnent aux jeux sexuels les plus débridés. Feignant d'être paralysée, le doigt sur le bouton de la télécommande, j'ai attendu la réaction de Côme, espérant que la vision de ces agapes tumultueuses aient éveillé en lui quelque désir. Mais il s'est écrié "Oh ! Avanie, très chère, remettez donc cette émission sur la Chasse en Amérique du Nord, elle m'intéressait vivement !"

Si je me blottis contre lui, mine de rien, dans la nuit, il se retourne en maugréant, et parmi les mots incompréhensibles qui franchissent ses lèvres sèches, les seuls que je comprends sont "je travaille demain, moi..."

Pourtant, par ailleurs, Côme est un compagnon très épris et attentionné. Le dimanche, lorsqu'il est bien reposé, il s'avère d'une compagnie des plus agréables. Il n'a jamais négligé une fête, un anniversaire, il rentre souvent de ses voyages d'affaires avec des présents d'un goût délicat. Nos ébats, à la fin de la journée sont très satisfaisants. On ne dirait pas, à le voir, mais une fois ôté son costume, sa cravate et... ses dessous, Côme est très bel homme, d'une virilité à faire pâlir d'envie plus d'un Calixte.

Quel dommage qu'il soit si souvent fatigué !

Je vous épargnerai la liste des affronts que j'ai subi à essayer d'avoir avec lui, un peu plus de rapports sexuels. Voici ce qui a fonctionné, hier soir.

Mon époux lissait Probability Models for Economic Decisions de Roger Myerson lorsque je me suis plantée devant lui.
D'une voix glaciale je lui ai ordonné:
"Monsieur, posez ce livre immédiatement !"
Il m'a regardée, interloqué, a retiré ses lunettes pour se frotter les yeux mais il n'a pas osé poser de question. Je portais un bustier et un string de dentelle noire.
J'ai lancé :
"Soit vous me pénétrez dans les cinq minutes, soit vous mangerez votre livre, feuille à feuille."

Côme a paru hésiter.

Finalement, il a pris la décision la plus respectueuse pour son ouvrage...

jeudi 8 mai 2008

Où Anna Gavalda interviewe Avanie...

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Il y a quelques semaines que Maria-Magdalena, ma femme de chambre, me serine avec l’invitation à dîner que lui avait transmise sa nièce, Constance, nounou de son état. Pour hier.

Nous étions allées ensemble lui choisir un tailleur chic et sobre chez Chanel, je lui avais même laissé son après-midi car j’imagine qu’il doit être stressant de ne pouvoir se préparer tranquillement avant une sortie. Pour le soir, il était prévu que Karl la dépose et la ramène.

Aucune inquiétude à avoir donc.

Normalement .

Mais Maria-Magdalena est une angoissée. Elle n’a pu s’empêcher d’appeler sa sœur avant de partir et elle a appris que la patronne de Constance serait présente au dîner. D’ailleurs, c’était bien la moindre des choses, puisqu’il avait lieu chez elle, à Melun.

« Je n’avais pas du tout compris cela ! Je vous en prie, Madame Avanie, venez avec moi ! Je ne connais rien de littérature, je ne saurai pas quoi dire…
- Mais je n’ai même pas lu son dernier roman ! Et puis que va penser Côme s’il ne me trouve pas à la maison ?
- Vous direz que c’est pour votre blog, s’il vous plaît Madame ! »
Que voulez, vous, j’ai cédé !

La maison d’Anna Gavalda est ravissante, très champêtre. Par contre mes Louboutin n’ont pas vraiment apprécié les graviers et j’ai manqué me tordre la cheville au moment où la maîtresse de maison a ouvert la porte, vêtu d’une minijupe en jean, de collants en laine violets et d’une veste officier curieuse. Avec ma nouvelle robe Ellie Saab, j’ai eu l’impression d’être un tantinet déplacée mais aussitôt Madame Gavalda m’a mise à l’aise :
« Oh ! Quelle robe ravissante, et comme vous la portez bien ! s’est-elle écriée. »
Puis elle a débusqué ma femme de chambre qui se cachait derrière moi :
« Entrez Maria-Magdalena, je suis ravie de vous rencontrer, Constance m’a tellement parlé de vous ! »

Du coup, ma bonne n’en pouvait plus de rougir. Elle tordait ses mains contre son ventre comme une collégienne. Dès que notre hôtesse a eu le dos tourné je l’ai admonestée de manière un peu vive :
« Arrêtez de gigoter comme cela, Maria-Magdalena, vous allez me communiquer votre trac ! »

Nous avons été invitées à entrer dans le salon. Dans un canapé, Louis, un adolescent à coiffure tektonik, lisait. Il nous a adressé un vague sourire et a replongé aussitôt la tête dans son livre. Sa sœur, Félicité, au contraire s’est précipité sur nous et a entrepris de nous raconter sa journée de classe. Nullement embarrassée, Anna (puisque c’est ainsi qu’elle m’a demandé de l’appeler) s’est excusé en nous expliquant qu’elle devait finir de préparer le repas. Je me suis donc glissée dans un fauteuil près de la bibliothèque tandis que Maria-Magdalena, pétrifiée, restait debout à écouter les bavardages de la fillette.

Lorsqu’enfin Constance a fait son apparition j’allais m’endormir dans le fauteuil. Je me suis levée d’un bond et j’ai réalisé que j’allais passer la soirée avec deux domestiques et une écrivain. « Si Côme savait cela, ai-je songé !». Je ne savais pas que j’allais être sur la sellette à la place d’Anna.
« Alors, il paraît que vous écrivez ? m’a interrogée la maîtresse de maison
- Moi ? Ecrire, me suis-je esclaffée, vous n’y pensez pas !
- Mais si, Constance ? Vous m’avez bien dit qu’Avanie rédigeait un blog ?
- Ah ça ! ai-je reconnu… Oh ce n’est pas vraiment de l’écriture ! Pas comme vous en tout cas, d’ailleurs, je voulais vous dem…
- Il n’y a pas de forme d’écriture plus noble qu’une autre ! D’ailleurs moi j’aurais préféré être nègre d’écrivain, pouvoir écrire en me cachant derrière quelqu’un qui assume à ma place renommée, interview, télévision. Je serais plus libre ! Enfin bref ! Alors, parlez-moi de votre blog !
- Euh, c’est ma cousine Framboise qui m’a convaincue de me joindre à elle…
- Oh ! C’est très bien, c’est une histoire à plusieurs voix alors ? J’adore ça, les histoires chorales…
- Oui, notre cousin Calixte –le frère de Framboise – participera aussi de temps en temps. Il souhaite ne faire que les rubriques sex… enfin, amoureuses… mais Framboise voudrait que chacun essaye un peu de tout.
- Et de quoi ça parle ?
- Oh ! de rien ! Enfin de tout, bonnes manières, cuisine, beauté, amour, enfants…
- C’est très riche comme matériau. Vous enquêtez sur le terrain ?
- Et bien, nous sommes le terrain ! Nous parlons de ce que nous connaissons… Enfin, sauf quand je vais dîner chez quelqu’un dont je n’ai pas lu le dernier livre !
- Oh ! Vous le lirez plus tard ! Et dites-moi, vous écrivez beaucoup ?
- J’essaye de m’y mettre régulièrement. Je ne suis pas encore vraiment habituée. J’abîme souvent mes ongles sur le clavier par exemple…
Elle éclate de rire !
- Avanie, vous êtes extraordinaire, il se peut bien que je m’inspire de vous pour un de mes personnages ! Vous me rappelez une camarade qui était en classe avec moi à Saint-Pie X de Saint-Cloud !
- Ce n’est pas vrai ! Vous avez été aussi chez les sœurs ?
- Oui, je portais une jupe bleu marine et récitais ma prière à tous les repas.
- Excusez-moi de vous le confier, mais j’ai été dégoûtée de la religion. D’ailleurs, je n’ai jamais eu la foi…
- Oh moi si ! Mais je l’ai perdue. Pourtant, je ne peux m’endormir sans avoir récité un « Je vous salue Marie » pour mes enfants…
Son fils Louis lui jette un regard noir :
- Tu as vraiment besoin de raconter cela à tout bout de champ ? crache-t-il, mécontent.
- Excuse-moi, mon chéri, mais je crois qu’Avanie et moi nous comprenons sur ce point.
- Parfaitement ma chère ! acquiesçai-je. Même si moi je ne peux même plus me servir de mots sacrés pour jurer. Alors la prière ! Mais c’est un secret. Même mon époux ne sait pas que je sèche la messe tous les dimanches matins, ne l’ébruitez pas...
- Ne vous inquiétez pas. Le personnage de mon prochain roman portera un autre prénom que le vôtre. Nous serons les seules à connaître la vérité, Constance, Maria-Magdalena, vous et moi ! Pour sceller notre pacte, tiens, je vais chercher la bouteille de champagne que vous avez apportée. Elle doit être fraîche.

Un peu plus tard – nous venions d’ouvrir une énième bouteille, lorsque Anna Gavalda me demanda :
- Et dans quelle pièce écrivez-vous Avanie ? Dans quelle tenue ?
- Oh ! Le plus souvent je m’installe sur le canapé avec mon portable sur les genoux. Je suis en déshabillé, parce que j’écris le soir après le coucher du petit, ou le matin, avant son réveil.
- Avanie, vous êtes vraiment un personnage ! Je vais aller sur votre blog dès que vous aurez le dos tourné ! Et puis, ça ne vous embête pas que je prenne des notes, pour mon prochain roman ? Vous m’inspirez… »


Photos : Robe Elie Saab, Lingerie Fifi Chachnil

mardi 6 mai 2008

Comment renvoyer sa bonne sans prétexte plausible ?

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Dans certains cas, l'employé que vous voulez congédier a commis une faute irréparable et il sait à quoi s'attendre. C'est la situation idéale car elle n'amène en générale, nulle protestation.

Néanmoins, elle peut s'avérer embarrassante.

Surtout pour vous.

Ainsi, en remettant à James, le cuisinier londonien, son enveloppe, j'ai rougi comme une bécasse. L'impudent avait été surpris dans la buanderie, entrain de humer une de mes culottes.
Celle-ci, en soie, n'était pas lavée.


Dans d'autres cas, la colère vous guide et vous vous sentez dans votre bon droit. Alors, aucune culpabilité ne fait trembler la plume de votre Montblanc lorsque vous rédigez le solde de tout compte et votre voix ne prend pas de nuance doucereuse qui pourrait induire en erreur.

Cette situation est plus épineuse car une culpabilité avérée s'accompagne rarement de bonne foi.

Une femme de chambre qui avait choisi dans la buanderie la mauvaise paire de draps alors que mon époux, à la peau hypersensible ne supporte que ceux en soie, a essayé de me démontrer que le coton était ce qu'il y avait de meilleur pour les organismes délicats. Outre, que nous ne lui demandions pas son avis, cette personne a aggravé son cas en essayant de marchander. Malheureusement ma décision était prise car Côme ne souhaitait plus rencontrer cette personne sous notre toit aussi ai-je dû me montrer plus dure que je ne le suis en réalité. J'ai ôté un zéro au montant de ses indemnités.

C'est une situation désagréable dans laquelle je ne souhaite pas à mon pire ennemi de se trouver.

Ce qui s'est produit la semaine dernière ne justifiait sans doute pas un licenciement. Calixte et sa sœur, Framboise, mes cousins, étaient venus dîner à la maison, à leur manière impromptue et Côme avait enduré courageusement leurs bavardage sans queue ni tête. Il se faisait tard et Calixte qui s'était absenté sur la terrasse pour fumer une cigarette, avait disparu. J'errais dans l'appartement, lorsque, dans la nursery, j'entendis des ahanements qui ne m'évoquèrent rien. J'ouvris la porte.

Et la refermai aussitôt !

Dans la pièce, mon cousin chevauchait Cynthia la nurse dont le tablier blanc était remonté jusque sous les bras. Je dus m'appuyer contre le mur pour retrouver mes esprits puis je regagnai le salon. Après quelques minutes, Calixte arriva, un sourire cynique plaqué sur les lèvres. Il donna une tape sur les fesses de sa sœur et ébouriffa mon brushing impeccable. Côme toussa et demanda l'autorisation de se retirer. Je ne tardai pas à le suivre, troublée encore par ce que j'avais vu.

Le lendemain, en voyant la nurse jouer avec Aloysius, ce fut plus fort que moi. Je lui ai signifié que désormais nous nous passerions de ses services.
"Mais pourquoi ? s'est exclamée la jeune femme.
- Aloysius est en âge d'entrer à l'école Montessori et je souhaite m'occuper plus souvent de lui. Ne vous inquiétez pas, je vous dédommagerai !"


Informations pratiques pour licencier une bonne, avec ou sans bonne raison :
http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F1745.xhtml

lundi 5 mai 2008

Les déboires d'Avanie

5 avis

J’ai voulu arrêter ce blog. J’ai constaté que Calixte et Framboise ne savaient rien respecter et qu’ils utilisent notre espace commun pour se moquer de moi. J’ai préparé Aloysius pour aller rendre une visite à ma cousine. Je savais que sa présence m’empêcherait d’avoir des mots trop durs pour elle.

Il était si mignon dans son ensemble IKKS, avec sa jolie chemise Burberry !
Hélas.
Au moment de partir, alors que Maria-Magdalena lui faisait coucou, il s’est mis à crier « CACA ! » très fort. Je crois que j’ai rougi. En vitesse, je l’ai fait rentrer dans l’appartement, loin des oreilles de nos voisins et de leurs employés.
« Que dis-tu très cher ? lui ai-je demandé. Tu as fait caca dans ta couche ?
-Vi, a-t-il opiné. »

Maria-Magdalena m’a proposé d’aller le changer mais j’aime m’occuper de mon enfant :
« Maman va te changer, mon cœur, ne t’inquiète pas ! »
Nous nous sommes dirigés vers la nursery. Mon fils ne sentait pas la rose, c’est tout ce que je pourrais dire et l’odeur s’est amplifiée une fois le pantalon ôté. Les selles étaient tellement abondantes qu’elles avaient débordé sur les côtés. Bon, il faudra changer le pantalon également, ce n'est pas grave . J’ai ôté la couche et ait eu un véritable haut-le-cœur, lorsque Aloysius a posé son pied juste dedans.
« Oh non, me suis-je exclamé, tu as mis le pied dans ton caca ! »
Que n’avais-je dit ! Mon petit trésor s’est mis à pleurer, dégoûté. Il a tenté de se relever et a failli tomber de la table à langer. En le retenant j’ai trempé le coude de ma veste Givenchy dans ses fèces. Comme il pleurait toujours, j’ai d’abord nettoyé son pied, « là, là, tout va bien maintenant, tu es tout propre ! » puis son joli fessier, que pour une fois, je n’ai pas eu envie de couvrir de baisers. Même nettoyé.

Enfin, l’ayant changé de pied en cap, ou presque, je me suis essuyé le front avec le dos de mon bras. J'ai constaté, du bout des doigts que ma coiffure n’avait pas bougé, heureusement. J’ai envoyé le petit avec Maria-Magdalena pendant que je prenais une douche rapide et revêtait un nouveau tailleur. J’allais me passer un dernier coup de peigne lorsque j’ai vu, partant de ma frange et courant sur mon nez, une long traînée marron :
« Pffff, nous irons donc demain, ai-je soupiré. »
Et cette fois j’ai pris un bain !
Photo : IKKS