lundi 14 juillet 2008

Vilaine Avanie

Aujourd’hui j’ai du mal à m’asseoir.

Non, formulons les choses par ordre d’importance.

J’ai décidé d’arrêter de bloguer. Du moins en famille.

Comme Mère le disait chaque fois que Papa se plaignait d’elle à table : « on ne lave pas son linge sale en public !
- Nous sommes en famille Eusebia, ironisait mon père.
- Et bien ce n’est pas mieux ! répliquait ma mère.
- Peux-tu me dire ma chère où laver ses slips sales ailleurs qu’en famille ? Chez des amis ? s’agaçait mon père. Décidément tu fais preuve d’une logique un peu particulière ma chère…
- Monsieur, s’enflammait ma mère, si vous vous occupiez des choses du ménage au lieu de courtiser les soubrettes, vous sauriez que ce sont les domestiques qui lavent notre linge sale. A l’office ! Et ta manie de dire "slips" chaque fois que tu le peux ! »

Après quoi, Mère se levait et quittait la table. Papa pouffait et m’invitait à ses côtés :
« J’ai toujours détesté cette table immense, disait-il, songeur, il faudrait des jumelles pour s’apercevoir. Bon, si nous passions directement au dessert ?»

Gênée de cette entorse à l’étiquette, je gloussais en hochant la tête.

Tout cela pour dire que je ne souhaite plus laver mes culottes sales sur ce blog familial.

Je ne vous cacherais pas que Framboise, par son attitude odieuse samedi soir, est en partie responsable de ma défection. Ma grand-tante Léontine (mon Dieu qu’elle est ridée ! Le soleil sans doute !) avec ses manières venimeuses non plus. Et Bertille qui est la plus gentille, est tellement excentrique et bruyante, je crains de ne pas vraiment la supporter.

La présence à mes côtés du charmant invité de Griotte, David, un de leur voisin si j’ai bien compris, n’a malheureusement pas compensé les réflexions mal-aimables que j’ai dû faire passer avec force Pouilly. De l’autre côté de la table, Côme me dévisageait d’un air interrogateur tandis que les autres riaient et plaisantaient à mes dépens.

J’ai tenté de calmer Framboise qui avait dû avaler quelque drogue avant notre arrivé :
« Voyons, Framboise, pourquoi m’as-tu demandé de participer à ton blog si tu n’éprouves aucune sympathie pour moi ?
- Pour te dévergonder, a-t-elle ricané bêtement. Et ça marche ! »

Après quelques vains échanges de ce type je me suis tue. Côme, sous la table caressait ma cuisse pour m’aider à me détendre.
Il est tellement gentil, mon cher mari !

C'était efficace puisque bientôt mon attention s’est focalisée sur sa main si habile. Elle glissait sous ma jupe, lentement, et je laissais de temps en temps échapper un soupir béat. De l’autre côté de la table mon époux ne laissait rien paraître de ce qui nous liait. L’air crispé, il tapotait nerveusement sur la nappe fleurie. Je lui fis un clin d’œil et il en profita pour glisser quelques doigts dans mon intimité. Je me raidis un peu et mon voisin de table me glissa à l’oreille : « Détendez-vous Avanie, voilà, comme ça, a-t-il susurré, tandis que je desserrais doucement les jambes… »

Soudain j’ai réalisé mon erreur.
J’ai manqué tomber de ma chaise et Côme a froncé les sourcils. Puis il a recommencé à tapoter la table… de ses dix doigts !

Les trois qui s’étaient immobilisés en moi n’étaient donc pas à lui… J’aurais voulu mourir sur place. David s’est alors adressé à moi, en chuchotant :
« J’aimerais vous prendre en photo avec Griotte et Framboise…
- Oui, prenez-moi ai-je répondu en haletant. »

Mais il a retiré sa main.
« Très bien, alors rendez-vous ce soir, a-t-il articulé avec une expression sadique... si vous voulez continuer ce jeu là en privé. »

Côme ne s’est pas fait prier pour rentrer avant le dessert. A la maison, c’était l’heure de la sieste.
« Côme, lui ai-je avoué en sanglotant, je ne suis pas assez bien pour toi.
Il a levé les yeux de son journal.
- Mais si très chère, vous êtes parfaite, sinon je ne vous aurais pas épousée.
J’ai insisté :
- Si vous saviez comme je suis méchante. Une très, très vilaine fille.
Mon ton de voix l’a surpris. Il a cessé de lire.

J’ai envoyé valser ses cours de la bourse. Et je me suis allongée sur ses genoux, cul nu. Ses lunettes ont dégringolé de son nez mais il n’a guère protesté.
- Fesse-moi, Côme, ai-je supplié, voilà tout ce que je mérite. »

Mais ce n’est pas tout ce que j’ai eu.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Et moi qui croyais que David c'était enfui à cause des remarques salace de grantataléone... Voilà qui expliquerait beaucoup de choses...

Mais donc, en fait, david t'a attendu toute la nuit ? alors qu'il aurait pu être chez nous.
cela dit, il préfère être bailloné que fouetteur. Vous n'auriez peut être pas été compatibles.

Sinon tu reviens quand pour nous gratifier d'un autre billet SM ?
Pour une athée convaincue tu m'impressionne. Tu veux un cilice pour ton anniversaire ?

Anonyme a dit…

Chère Avanie, que faire pour vous retenir? Vous dire que malgré toute l'affection virtuelle que j'ai pour votre famille, je me sens bien plus proche de vous que de vos cousins? Vous dire que la vie sera bien triste sans le récit de vos aventures avec vos nurses si spéciales? Mais votre décision est prise, et je m'y plie donc, mais sachez que vous me manquerez.

Anonyme a dit…

Framboise,il m'a vraiment attendu toute la nuit ? Cet homme est un gentleman ! Hélas, notre amour est impossible car je suis une épouse fidèle...

Le Sushi, mon cher ami, que vos mots me sont doux à lire... Pour l'instant je ne peux rien dire de plus, mais merci !

Anonyme a dit…

Avanie,

tu vois quand tu veux.

Je passe sur la petite remarque que tu as faite à propos de mes rides (inexistantes bien entendu ; à ce pris là, encore heureux !). Par pure méchanceté sans doute ! A moins que je ne me sois montrée trop vive avec toi...et que tu ressentes le besoin de te venger quelque peu.

Alors, va, je te pardonne cette sortie malheureuse...

D'autant plus que je retrouve bien là le feu intérieur qui anime chacun des membres de cette famille.

Toutes mes félicitations !

Anonyme a dit…

Félicitations ma tante mais pourquoi ? Parce que je suis partie ?

Léontine a dit…

Félicitations, parce que tu brises la mince pellicule qui te retiens prisonnière de ta classe sociale à dominante masculo-machiste !

Sors les dents, mon enfant !